-
Emprégnation simulative
Si l’emprégnation désigne cette relation physique de cause à effet établie entre deux aspects d'une même entité, ou entre celle-ci et sa représentation, l’emprégnation représentative se greffe de surcroît sur chacune des cinq modalités de représentation déjà répertoriées ici, sans lesquelles elle ne peut s’établir (de même qu’une ressemblance ne suffit pas à construire une figuration, une relation de dépendance n’entraîne pas à elle seule l’installation d’une emprégnation représentative).
Par ailleurs, la simulation suppose une relation sensorielle analogique entre représenté et représentant (sur la base d'une proception commune) mais en s'opposant à la conformation simutanée.
Eadweard Muybridge, Springing over a man's back, série de photographies, 1887.
Dans cette série de photographies, Muybridge a disposé une batterie d'appareils entourant l'action qui l'intéresse. Ces appareils sont enclenchés simultanément lorsque celui qui saute se trouve au-dessus de l'homme debout immobile. Placés côte à côte, la succesion de clichés donne l'impression que nous tournons autour d'un instant figé, mais nous sommes obligés de composer le mouvement dans notre tête. Lorsque ces clichés sont disposés sur un zoopraxiscope, le mouvement est effectif. Nous pouvons alors observer une emprégation simulative d'un mouvement et pourtant ce dernier n'a jamais eu lieu. Tout ce qui concerne la photographie n'est donc pas nécessairement assujetti au "ça a été" barthésien.
Ce principe sera repris 110 ans plus tard par des vidéastes. La technique utilisée est plus courante aujourd'hui, elle est nommée "bullet time", "stop motion" ou "effet Matrix" selon l'utilisation qui en est faite.
L'emprégnation simulative n'est pas réservé à la photographie. Cette opération est non moins utilisée dans certaines œuvres picturales comme nous pouvons le constater avec le tableau suivant : William Turner, Tempête de neige en mer.
L'impression de mouvement de certaines bourrasques neigeuses provient directement du mouvement effectué par une brosse ou un couteau ayant étalé la peinture sur la toile. De nouvelles techniques pour l'époque utilisées par Turner afin que les gestes physiques du peintre soient palpables dans le but de simuler d'autres déplacements plus météorologiques.