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Entre les traits écartés
Cinétique n° 3 (2011), Version N° 1 (2012) série de leds, situés tout le long d'une passerelle, formant des traits lumineux discontinus s'allumant l'un après l'autre à vitesses variées (simulation Rémi Geoffroy). Pour le Centre de Formation des Apprentis de l'Hôtellerie à Metz (1% artistique, projet présélectionné).
• L’alignement : Il s’agit de magnifier le parcours depuis l’entrée jusqu’au fond du terrain, en soulignant le bas de la passerelle par une série de barres constituées de leds, ponctuant le trajet de manière discontinue mais régulière. Les barres sont situées une fois sur deux sous chaque élément de la balustrade, leurs tailles et leurs interstices étant donc équivalents.• L’éclairage : Le tout forme des traits en pointillés qui s’allument l’un après l’autre mais dans un ordre hésitant. La succession des traits avance puis revient sur ses pas, ré-avance, accélère, reprend son tempo de base, repart, hésite, avant de parvenir au bout de la passerelle puis brutalement, et cette fois de manière continue, défile tout le long jusqu’au point de départ.
• Les conséquences : C’est bien la nature linéaire et rectiligne de la passerelle qui est utilisée et mise en valeur. Mais en même temps, l’évolution temporelle du dispositif lumineux modifie la perception en apportant une variété rythmique inattendue. Ce qui forme une association de contraires, imbriquant continu et discontinu, qui enrichit la situation de départ. Notre cerveau de surcroît complète les interstices entre les traits écartés et nous donne l’impression que la même barre lumineuse se déplace en sautant d’un cran à chaque fois. Enfin, l’emplacement au dessus du sol procure un effet de flottement qui renforce l’aspect immatériel.
Réplique n°7 (1997), Version n°5 (2012), de gauche à droite : vinyles adhésifs jaunes, alu-miroirs ou gris métallique (simulation Rémi Geoffroy).V. les autres Versions de Répliques n°7
• L’emplacement : Chacune des lettres est placée au milieu d’une série de vitres constituant une baie. La matière des vinyles est réfléchissante comme un miroir (à moins qu’elle ne ressemble aux plaques métalliques de la façade). Le verso, visible depuis l’intérieur du bâtiment, est jaune comme les stores. Comme le « P » sert de pivot il est placé à un endroit stratégique, au sein d’une fenêtre située dans l’une des vitres et formant un cadrage dans le cadrage.
• La sémantique : Elle offre un pendant à la Réplique basée sur le mot « opaque ». Est considéré comme transparent ce qui laisse passer les rayons lumineux, or la lumière ici ne traverse pas les lettres comme elle traverse les vitres où elles sont posées, toutefois en la renvoyant elle donne l’impression d’une traversée. La couleur jaune est plus appropriée au côté verso vu de l’intérieur du bâtiment. Le mot renvoie alors à la qualité des vitres, qui l’entoure.
• Les conséquences : Cette transparence qu’on ne voit plus à force de passer à travers est ici mise à l’index. Vue de l’extérieur et selon l’angle adopté, l’œuvre disparaît presque ou tranche sur le fond intérieur. De l’autre côté, elle s’intègre à la décoration des stores, qui contraint la transparence générale. C’est donc une désignation des paramètres contrastés alentour qui s’impose ici.
RÉPLIQUE N°37 (2006-2011), Version n°1 (2012) : plaques métalliques laquées blanc collées au plafond et peinture jaune au sol (simulation Rémi Geoffroy). V. les autres Versions de Répliques n°37
• L’emplacement : Arrivés au bout de la passerelle, nous découvrons un dispositif graphique placé directement sur la surface du bâtiment soutenue par des pilotis qui sert de plafond à l’espace entre les piliers formant une sorte de préau. Lorsque nous ne sommes pas tout à fait sous ce plafond, nous pouvons lire en levant la tête un mot qui se détache en blanc sur fond jaune. En avançant, et en nous retournant vers le même endroit, et bien que le graphisme soit positionné dans un sens opposé, notre lecture est identique.• La sémantique : Puisque nous découvrons le même mot « spectacle » à partir de plusieurs positionnements, c’est donc que l’orientation a été privilégiée. Nous sommes amenés à être attentifs à chaque détail du graphisme pour comprendre comment la réversibilité peut opérer. D’une part certains traits en pointillés nous rappellent l’animation le long de la passerelle mais d’autre part ils acquièrent ici une fonction supplémentaire. Ils nous permettent en effet de compléter différemment les graphèmes selon leur emplacement dans le mot et autorise non moins l’imbrication de deux lettres successives « c » et « t ». Autrement dit, cela nous incite à structurer et comprendre différemment les mêmes éléments visuels à l’intérieur d’un mot lui-même réversible.
• Les conséquences : Ce regard multiple s’effectue sur un détail de l’un des bâtiments depuis notre emplacement sur l’autre. Le croisement entre les deux structures architecturales est ainsi pointé. La passerelle empreinte un chemin sous le bâtiment surélevé et continue son trajet pour donner sur l’espace arrière du terrain. Les deux points de vue sont complémentaires. D’un côté, plusieurs regards sur le même « spectacle », de l’autre un seul regard en travelling sur plusieurs endroits.
RÉPLIQUE N°10 (2011), Version n°7 (2012) : plaques vertes d'aluminium laqué découpées au jet d'eau et reflets dans paroi brillante (simulation : Rémi Geoffroy)
V. les autres Versions de Répliques n°10• L’emplacement : Les caractéristiques des matériaux qui constituent cette partie du bâtiment ont déterminé les particularités de l’œuvre en place : la nature réfléchissante des panneaux jaunes permettant à la moitié du mot symétrique de se réfléchir ; l’alternance de carrés et de rectangles dans la partie haute de la paroi verte impliquant la convocation de lettres avec ou sans jambage ; les orientations des lamelles vertes autorisant l’ajout d’autres reliefs sur les plaques lisses.
• La sémantique : Nous sommes conduits à une réflexion sur le sens de l’opacité ? Est considéré comme opaque ce qui ne laisse pas passer les rayons lumineux, or la lumière ici ne traverse pas la paroi de gauche, toutefois en la renvoyant elle donne l’impression d’une traversée. Le mot serait-il à moitié opaque comme la moitié droite qui constitue sa partie concrète et impénétrable ?
• Les conséquences : Ce qui est proposé ici est un entrelacs de l’œuvre même et de l’architecture où elle prend place à partir de la réflexion, de la couleur, de la forme, de l’orientation qu’elles offrent et partagent ensemble.
RÉPLIQUE N°5 (2006-2011), Version ohne opus (2012) : néons réfléchis dans les vitres (simulation Rémi Geoffroy).
V. les autres Versions de Répliques n°5
• L’emplacement : Il s’agit d’un lieu de passage par excellence. Les néons, inscrivant la seconde moitié d’un mot, sont situés sur l’une des galeries vitrées qui conduit d’un espace à un autre. Les reflets dans les vitres perpendiculaires renversent la forme des néons, et font lire ainsi la première moitié du mot. La lecture globale du mot entier s’effectue donc de l’extérieur vers l’intérieur au moment où la lumière responsable de l’ensemble du mot réalise le même trajet.
• La sémantique : Elle concerne autant le passage entre le deux bâtiments qu’un autre phénomène, plus biologique, axé sur la progression intestinale des aliments (non sans rapport, bien entendu, avec une digestion concernant l’hôtellerie).
• Les conséquences : Non seulement l’œuvre propose une intégration physique dans l’espace d’accueil mais également conceptuelle et liée indirectement aux fonctions du bâtiment. Les œuvres offrent donc plusieurs manières de tenir compte du contexte et de surcroît des différents contextes du même lieu.