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Autonommées 2
« Quand les œuvres parlent d’elles-mêmes » Autonommées 2. Galeries d’exposition de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Rouen. Exposition collective 2002. Commissaire d’exposition Patrice Hamel (œuvres sélectionnées par Stéphane Carrayrou et Patrice Hamel ; photographies : Studios Image).
Les "autonommées" sont des œuvres qui se désignent elles-mêmes.
Avec : Giovanni Anselmo - Marinus Boezem - John Cornu - Frédéric Dumond - Patrice Hamel - Anne-Marie Jugnet - Jason Karaïndros - Jean-Bernard Métais - Jean-Marc Ségalen
« Comme le titre de cette exposition l’indique, chaque œuvre présentée utilise, d’une manière ou d’une autre, un ou plusieurs mots qui la désignent elle-même.
Conscients qu’ils peuvent toujours, s’ils n’y prennent garde, sombrer dans « l’illusion intentionnelle », certains artistes cherchent à guider les observateurs de leur travail en fournissant dans les œuvres mêmes qu’ils exposent les clés d’appréhension de celles-ci. Faire appel à l’autodésignation par le biais de mots insérés dans l’œuvre même est l’un des moyens pour y parvenir.
Chaque pièce réunie développe donc un type d’autonommination particulier, afin de montrer les multiples possibilités de ce fonctionnement et tente de rendre explicite ce qui est en jeu, artistiquement.Mais loin de se contenter de mettre l’accent sur les relations entretenues entre les paramètres formels et sémantiques de chaque œuvre, au-delà d’une thématique restrictive prédéterminée, le principe unificateur d’autonommination (loin de se confiner à la tautologie) est ici utilisé de manière à créer des relations nouvelles et assumées entre les œuvres, structurant ainsi l’exposition par le biais de multiples reflets n’ignorant aucun aspect contextuel tant sur le plan de la perception du spectateur que sur celui du rapport entretenu entre l’œuvre et son lieu d’accueil.
L’une des conséquences inattendues de ces articulations fut de nous faire réaliser le rôle crucial de la lumière, directe ou indirecte, naturelle ou artificielle, dans ce dispositif. » Patrice HamelCi-dessus, Autonommée de Patrice Hamel, RÉPLIQUE N°22 (2002), Version n°1 (2002), projection lumineuse depuis un projecteur à gobo sur un miroir. Arrêté par un miroir autorisant sa réflexion sur un mur perpendiculaire non moins réfléchi dans le même miroir, un mot lumineux, révélé par les différents supports qu’il révèle, est lisible identiquement sur chacun d’eux malgré les inversions de ses avatars (les lettres lumineuses qui apparaissent sur la surface du miroir sont répercutées sur le mur perpendiculaire qui se réfléchit dans le miroir).
Ci-contre, Autonommée de Giovanni Anselmo : Invisibile (1971). En passant dans le faisceau lumineux d’un projecteur, les spectateurs deviennent l’un après l’autre le support sur lequel apparaît le mot projeté capable de les sortir de l’obscurité et de les rendre conscients de ce qu’ils ne voient pas.
CLIQUER SUR LE CURSEUR CI-DESSOUS À GAUCHE pour visionner l'Autonommée de Frédéric Dumond : TV/cut # 1 (2001). Dans cette courte vidéo montée à partir de fragments d’émissions télévisées, les personnages participent malgré eux à la re-formation d’un sens général. Un texte à plusieurs voix est traversé par l’hétérogénéité des contextes de départ et reconstruit une unité en évoquant l’objet même de ce que l’on est en train de regarder et d’entendre.
Un moniteur est dissimulé derrière un panneau. Une découpe permet de cadrer son écran qui ressort de l'obscurité totale et où défile TV/cut # 1. Il semble être intégré dans le mur.Ci-contre, Autonommée de Marinus Boezem : Light (1973). Comment l’ombre d’un mot peut suffire à désigner la cause de son apparition, fondamentale et pourtant si souvent oubliée sinon occultée.
Ci-dessous, Autonommée de John Cornu : Proposition n° 1 (2002). Un mot inscrit sur un mur désigne le rapport que ce dernier entretient avec la réalité. La projection simultanée de son image filmée sur un mur similaire et parallèle permet de l’articuler à un préfixe (inscrit à son tour sur le nouveau mur) qui en change la signification, plus adaptée à sa nouvelle situation.Ci-dessous, Autonommée de Jason Karaïndros : ΑΛΗΘΙ (1998). En grec, le fait de ne pas oublier (Α-ΛΗΘΙ) conduit à des vérités (ΑΛΗΘΙ). Les flashes d’un néon (que nous ne verrions probablement pas autrement) nous le rappellent de temps en temps.
Ci-dessous, Autonommée de Jean-Marc Ségalen : HORIZONS (2002). Disposées sur des vitres placées plus ou moins près d’un mur, des lignes et des lettres de tailles différentes sont éclairées par une source unique afin que les ombres de l’ensemble ne forment qu’une seule ligne continue sous un mot la (les) désignant.
Ci-dessous, Autonommée de Anne-Marie Jugnet : sans titre (1990), Vidéo de 60 en boucle, ci-dessous. Image de télé en panne ou mal réglée, la neige électronique est parfois perturbée par des irrégularités formant des mots dont le sens est empreint du fond dont ils se détachent à peine. Les cinq mots: INVISIBLE, INCERTAIN, INFINI, INCONNU, INDICIBLE apparaissent et disparaissent dans la vidéo statique à l'écran.Ci-contre et ci-dessous, Autonommée de Jean-Bernard Métais : Dépossession (1974- version 2002) ci-contre et ci-desssous. En se déversant au sol, criblé par un filtre approprié, un tas de sable formera progressivement un mot qui disparaîtra bientôt avant de réapparaître sur le filtre même. En lisant nous comprenons que le résultat de la perte nomme ce qui fut la cause apparemment paradoxale de son organisation.