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"Dans la boucle imparfaite" (roman auto-réflexif) - 2017 première version - éd. galerie-s-mortier
" Le Narrateur s'est senti prêt à relater dans un journal ce qui a compté dans sa vie. Mais après avoir cité quelques passages de livres importants, l'écriture s'est emballée le conduisant à mener une enquête sur des faits qui se présentent malgré lui (le crash d'un avion, un film tendancieux, plusieurs meurtres probablement) et le mettent en danger. La symétrie générale des cahiers résultants crée des relations inattendues entre Irène, ses amants, et le Cousin de la Famille, dont le sort du Narrateur dépend, semble-t-il, et non moins la boucle imparfaite des méandres du roman improbable qui en émerge. "
Ci-dessus, Conversation #3 (2021) : Pascale Geoffrois (critique d'art) et Patrice Hamel (écrivain et plasticien) parlent du roman auto-réflexif de ce dernier, intitulé "Dans la boucle imparfaite"."Dans la boucle imparfaite" de Patrice Hamel,
roman auto-réflexif. Première édition 2017.Publiée par les éd. galerie[s]mortier.
Commande adressée à : stm@galerie-s-mortier.com
Stéphane Mortier 06 67 31 67 8177 rue Amelot 75011 Paris
Ci-contre : Frans Hals, St Jean l'évangéliste (détail)
Lecture d'un passage de ce livre par Patrice Hamel
sur >>>>>>>>> youtubeLire un chapitre ci-dessous :
XXVIIEst-ce une surface à géométrie nébuleuse ?
Voire un visage, à la description pour le moins amphigourique, surgi du néant dont il s’extrait sans passer par un seuil ? Encore fallut-il pour s’en assurer venir observer de plus près l’un des cadavres enfoui partiellement, si tant est qu’une fois évoqué le quasi supplice de la reconnaissance nous acceptions de nous y prêter. De toute façon, beaucoup des informations fournies sur la figure des sujets ayant été écrasées par le crash, notre dernier espoir de les reconnaître réside en cet instant dans nos souvenirs incomplets des subsoniques aéronautes. Nous nous concentrons tout en sentant soudain s’ajouter de concert plusieurs fumets suspects qui nous incitent à nous diriger, tendus, vers le bas de la berge où la dépouille nous apparaît davantage. La tête semble sortir de l’eau dans son prolongement comme sculptée à même l’élément aqueux, sans que nous puissions savoir si elle est tranchée. Le nez en moins sous son œil clos (l’odeur nous pousse à pincer nos narines en chœur avec les doigts d’une main pesante), dont l’un de nos index tire vers le bas la paupière inférieure restée libre, nous laisse muets d’horreur à l’idée de le savoir décomposé. A cause des rares indices demeurant relativement disgracieux parmi l’effacement des principaux organes sans être néanmoins susceptibles d’être identifiés de façon claire, nous manquons nous évanouir à leur vue, l’image des aviateurs une fois suscitée mentalement mais, reprenant nos esprits, expulsons le peu d’asticots qui recouvre la face, affrontons notre rejet, dégageons les plis de la peau non encore entamée avec tout le courage nécessaire. Nous pourrions apprendre ainsi quelle est l’identité, parmi les victimes de la chute, du corps étale. Malgré les manques manifestes. En effet, comment ne pas voir la ligne qui se prolonge avec soin encore fort mince et hésitante au centre du front encadré d’écume sur ce flot sombre et chargé ? Il est désormais possible de rapporter que tout s’appareille à merveille.
John Hilliard, Langdale Fell, Motion Frozen / Frozen Motion (1979) .