RÉSUMÉ DE VIRTUELLES RÉALITÉS par Patrice Hamel :
A. Définitions : Il s’agit d’abord de préciser ce que l’on entend par « virtualité ». Ce terme a en effet été mis à mal et sert à désigner toutes sortes de pratiques ou d’objets qui ne méritent pas toujours d’être ainsi qualifiés. Nous nous focalisons dans ce texte sur la virtualité concernant ce qu’on imagine dans notre tête, ce qui demeure mental chez l’observateur, et qui ne trouve pas simultanément de contreparties stimulatives externes à notre organisme, tout en étant provoqué par des représentations ou des sensorialités effectives. Il convient donc dans un premier temps de définir les différents types de sensorialités.
B. Le virtuel : Il se divise en virtualités constitutives ou complétives. Les premières concernent les représentations qui font apparaître à l’esprit, par le biais de codes établis, des sensorialités qui s’opposent d’emblée au domaine sensoriel effectif convoqué. Par exemple, un mot écrit relève du visuel et fait surgir des phonèmes dans notre tête. Nous sommes ainsi amenés à distinguer l’insignation, l’évocation, et l’insinuation selon différentes modalités de relations entre représentants et représentés. Les virtualités complétives, de leur côté, concernent ce qui est occulté ou absent et doit être complété mentalement par l’observateur pour advenir. Elles affectent toutes les représentations dès lors qu’elles mettent en œuvre des aspects qui relèvent du manque. Celui-ci peut toucher les entités dans leur être, il est dès lors qualifié d’ontologique, ou s’appliquer à des règles ou des structures, il est alors législatif. Le virtuel peut également se référer au paraperceptuel, c’est-à-dire aux sensorialités issues de stimuli internes à l’organisme. Nous sommes à même, dans certaines circonstances, de produire des sensorialités effectives qui n’ont pourtant pas de contreparties stimulatives externes. Elles peuvent non moins participer parallèlement à constituer des virtualités. C’est le cas, par exemple, avec la fameuse surface triangulaire de Kanizsa qui semble recouvrir partiellement un triangle constitué de contours.
C. Avenir des médiums : Les virtualités ne concernent pas seulement le passé ni les techniques picturales, et nous montrons comment elles sont activées dans une installation lumineuse (un éclairage réfléchi de Michel Verjux) et un roman auto-désignatif récent (« Dans la boucle imparfaite » de Patrice Hamel).
D. Quelles applications de la « virtuelle réalité » dans les nouvelles technologies ? : L’avenir des techniques conduit à réfléchir aux modalités d’intrications entre domaines, soit hétérosensorielles (entre un monde tactile et un monde visuel) ou homosensorielles (entre images vidéo et images de « réalité virtuelle »). Ce qui conduit à penser les manières de passer d’un univers à un autre par le biais de transitions représentationnelles qui sont déclinées en contamination par alternance, morphing, mapping, substitution progressive, raccord par imitation, imbrication, raccord par similitude, zone ambiguë, fondu-enchaîné. Les transitions pourront non moins se réaliser spatialement en confrontant le fictif et le fictionnel, la réalité véridique et la réalité factice. Un parcours semblera s’effectuer entre les différents points de vue des personnes équipées de visiocasques dans l’assistance. 2020 @ Patrice Hamel